Le récit fascine toujours par la place laissée au non-dit et à l’imagination du lecteur. Les couleurs – noir intense, sépia strié, une pointe de jaune – créent un malaise. Jaune des yeux de M. Hyde – parce qu’inhumain ou fenêtre isolée, réverbère. Le Dr Jekyll, raide à côté de son bureau, semble un des papillons épinglés sur un cadre derrière lui. Les fumées s’enroulent en effrayante simagrée, le fog envahit les rues du Londres victorien. Des amis de Jekyll enfonçant la porte du laboratoire : on ne voit que les ombres portées tandis que Hyde, recroquevillé, projette sur le mur la silhouette du monstre. L’angoisse cueille le lecteur dès la couverture au noir profond, où un papillon banal déplie une aile où se dessinent des yeux et des dents. Les papillons, symboles de la psyché, envahissent les pages de garde et laissent le mystère entier. Superbe relecture par l’image d’un chef-d’oeuvre du fantastique. (R.F.)
Docteur Jekyll et Mister Hyde
STEVENSON Robert Louis, MOURRAIN Sébastien