En petites vignettes et à travers des souvenirs qui s’enchaînent, Bi Feiyu évoque la Chine rurale de son enfance. Souvent déraciné au gré des mutations d’un père instituteur étiqueté comme « droitiste » et envoyé enseigner à la campagne, il dit à merveille les couleurs de la terre, le labeur des paysans et l’endurance des buffles, les maisons de paille et les jeux innocents. L’écriture poétique révèle le lyrisme de la nature et certains épisodes évoquent nos campagnes d’antan. La structure est simple, mais le propos met aussi en lumière des aspects plus politiques comme les séances de critique publique, aux chefs d’accusation fabriqués de toutes pièces, la culture de l’ignorance, la pauvreté ou la nostalgie du temps d’avant la « libération culturelle ». Après Les Aveugles (NB décembre 2011), Bi Feiyu, couronné en Chine par deux grands prix littéraires, offre un livre touchant sous-tendu par quelques réflexions philosophiques et étayé d’un glossaire bienvenu en fin d’ouvrage. (Maje et B.T.)
Don Quichotte sur le Yangtsé
BI Feiyu