Du Dossier K., une autobiographie en bonne et due forme, Imre KertĂ©sz dit qu’il est le seul de ses livres Ă obĂ©ir Ă une incitation extĂ©rieure. C’est le fruit dĂ©tournĂ© d’une longue interview de son Ă©diteur (et ami) dĂ©sireux de distinguer, pour ses lecteurs et commentateurs, sa vraie vie de celle des hĂ©ros de ses romans. Enfance entre des parents divorcĂ©s, dĂ©portation Ă Auschwitz Ă quinze ans, retour en Hongrie sous dictature communiste, entrĂ©e salvatrice en Ă©criture… autant d’Ă©tapes reparcourues en les dĂ©tachant de leurs doubles fictionnels.
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Ăcrit sous forme de questions-rĂ©ponses, Ă la maniĂšre des dialogues de Platon, le rĂ©cit progresse Ă l’inverse du procĂ©dĂ© habituel : c’est l’oeuvre, illustrĂ©e par de multiples citations, qui conduit Ă l’existence â une existence constamment mise en doute â, les soucis Ă©tant matĂ©riau mĂȘme de l’art de l’Ă©criture. Sous la conduite de l’auteur d’Ătre sans destin, prix Nobel de LittĂ©rature en 2002, suivre les va-et-vient mystĂ©rieux de ses propres chemins d’Ă©criture est un privilĂšge rare.