Victor, le narrateur, est statisticien ; mais c’est aussi « un myope égaré dans un monde trop net. » Une opération améliore sa vision et le voilà émerveillé de découvrir un environnement différent. Plus tard, sa vue de loin se dégrade à nouveau : « je ne regrette pas vraiment cette vue sans faille alors que tout ce qui m’était familier avait pris depuis l’opération une netteté cruelle. Je me retrouve tel que je suis, sans doute, imparfait, insuffisant, insatisfait. » C’est ainsi qu’apparaît le héros dans l’évocation de ses souvenirs : son enfance difficile à cause de son handicap, ses études ingrates, ses amitiés, son mariage avec Claire, qui vient de demander le divorce, le chagrin du départ de son petit Léo, la rencontre d’une voisine avec laquelle il pourrait nouer une relation heureuse. Ce premier roman laisse une impression étrange : le style est recherché, l’introspection minutieuse. Cette jeune auteure, au parcours chaotique, trouvera sans doute un ton plus adapté dans ses prochains ouvrages qu’on attend avec attention.
Double foyer.
AVEL Christine