C’est le matin. Max doit sortir de son rêve froid, désertique, dans lequel il est seul sous un beau ciel étoilé. Il faut se réveiller, se lever dans la routine du matin, automatique, triste, et partir au boulot, sans enthousiasme, la tête pleine de la rupture récente avec sa copine. Max est un entraîneur de tennis de table pour de jeunes joueurs de haut niveau qu’il doit amener à une importante compétition en Chine dans quelques jours. Il n’est pas question de négliger sa tâche qu’il exécute avec conscience et exigence. Ce qui ne l’empêche pas de se livrer à une introspection profonde sur les aléas de la vie, les relations amoureuses, les exigences du sport de haut niveau, la réussite, qu’il aborde à la lumière de la philosophie orientale. La mélancolie diffuse, la peine et le doute côtoient l’espoir d’un renouveau annoncé par une rencontre fortuite, puis par un moment partagé avec un proche sous un ciel étoilé, paisible. La journée de Max s’achève, plus paisible que ce matin.
Caché derrière la couverture de l’album d’un blanc immaculé sur laquelle se griffonne le titre paradoxal, digne de la lignée surréaliste, se déroule un récit intimiste empli de délicatesse et de poésie. Nous suivons Max dans son cheminement durant une journée où le temps se dilate et s’étire… Douce pincée de lèvres en ce matin d’été prend toute sa dimension grâce à un dessin onirique et sensuel, qui épouse avec grâce et sensibilité ses états d’âme. Les illustrations changent de style d’une page à l’autre, entremêlant une multitude de techniques graphiques : Les références sont nombreuses, sans pour autant être pesantes et détourner l’attention du récit. Les dessins subtils savent être émouvants, tout en traits fins et en aplats de couleurs tendres ou vives. Les paroles, sans bulles, sont crayonnées un peu au hasard des cases et se voient affecter astucieusement une couleur pour chaque intervenant. Un beau et original premier ouvrage qui en appelle d’autres.