S’adressant au lecteur, seize animaux dressent à tour de rôle un drôle d’autoportrait de leur caractère et de leurs liens avec les humains. Après avoir signalé que l’homme est bien content de boire son lait, la vache conclut en caressant l’idée de partir en Inde, où elle serait sans doute plus respectée. Le singe se demande quel côté des barreaux est le meilleur, comprenant, à cause des bananes, que lui est du mauvais, mais cela a tenu à peu de choses ; l’âne se souvient que Stevenson, écrivain écossais, était tombé amoureux de Modestine, une ânesse des Cévennes. L’ours, qui se méfie de l’homme, aura peut-être besoin de lui un jour pour sa survie… Se joignent à ce défilé la girafe, le chat, le cochon, l’éléphant… et quelques autres. En page de droite, des faciès en gros plan faits de collages et de peintures les anthropomorphisent en une galerie de portraits quasi-humains fascinants, comme hors du temps. En face, le texte ciselé joue sur la taille de la typographie pour mettre en évidence des éléments de ces étranges monologues qui sont autant d’analyses brèves des rapports homme/animal, où l’on finit par ne plus savoir qui est le plus intelligent. Redoutablement efficace. (M.T.)
Drôles d’animaux
RENÉ Jean, PAPINI Arianna