Julie a vu « Quand la mer monte » de Yolande Moreau dans un cinéma des Halles. Prise de l’irrésistible envie de rencontrer l’actrice-réalisatrice, elle lui écrit. But : lui faire raconter son parcours d’artiste. Sonnerie de portable, Yolande accepte et l’invite à Vernon dans sa maison. Yolande : une « présence forte comme l’orage. Pourtant elle parle sans sortir du murmure avec une douceur de lait ». C’est le premier et délicieux entretien d’une série de neuf – sans transition, toujours touchants, toujours chez l’interviewée – avec d’autres figures féminines ayant acquis la notoriété : Sylvie Joly, Florence Cestac, Michèle Bernier, Maria Pacôme, Anémone, Amélie Nothomb, Tsilla Chelton. Et pour finir, Dominique Lavanant, mais l’enregistreur n’ayant pas fonctionné, les propos de celle-ci sont remplacés par ceux tenus sur elle par la meilleure amie de l’actrice, Claire Brétécher, la dessinatrice : « Je me souviens d’absolument tout concernant Dominique »!
Si elles ne sont pas toutes comédiennes, ces drôles de femmes ont en commun d’aimer le rire, d’avoir connu ou connaître encore le succès au théâtre, au cinéma, au cabaret, en bande dessinée, en littérature. Pas toutes de la même génération, elles sont toutes sensibles, toutes marquées par l’enfance, toutes ont des fêlures et leurs mots touchent. Parvenant à l’intime des personnes sans jamais leur manquer de considération, Julie Birmant excelle dans l’art de l’interview. Son texte très présent mais sans lourdeur sait communiquer au lecteur l’empathie qu’elle ressent pour ces femmes célèbres qui se racontent sans fard. Le trait de Catherine Meurisse est caricatural certes, mais toujours respectueux des croquées – bien reconnaissables, perçant à jour celles-ci dans leurs attitudes et sentiments et les faisant évoluer dans des décors évocateurs de leur vie. Le lettrage est une cursive à l’anglaise, les cases – non bordées – en noir et blanc sont colorées à l’aquarelle çà et là. Par le fond comme par la forme, un recueil doublement plaisant.