D’un pas tranquille

BRAGANCE Anne

Narration multiple, le « je » s’éparpille en une demi-douzaine de personnages qu’il faut parvenir à identifier. On reconnaît assez vite deux soeurs orphelines, jumelles mais antinomiques : Esther, muette, réfléchie et Salomé, exubérante vendeuse de fanfreluches. Mais aussi Nicolas et Carla, à quarante et trente-cinq ans, sous la coupe de leur richissime maman qui les dépossède de toute vie personnelle. Voici que « la petite muette » s’éprend sans espoir du fameux Nicolas, taciturne fils de famille amoureux d’un barman volage. Puis, passant à la troisième personne, le récit met en branle cette situation bloquée lorsqu’un accident de voiture secoue les uns et les autres au propre comme au figuré.

 

Malgré un scénario sans surprise, on se laisse prendre par le charme doux-amer de ces partitions alternées portées par le tempo d’une écriture à la fois nerveuse, élégante et légère. Ainsi, une fois de plus (cf. Danseuse en rouge, NB août-septembre 2005), Anne Bragance fait-elle éclater, dans le clair-obscur des sentiments les plus divers, les feux croisés de son talent de conteuse.