Écoute le chant du vent Suivi de Flipper, 1973

Acte un : un client assidu d’un bar disserte en compagnie de son ami Le Rat sur sa jeunesse, ses rencontres, buvant beaucoup, écoutant de la musique et le chant du vent. Il revoit cette femme à la main mutilée, recueillie une nuit, envolée, retrouvée, reperdue… Acte deux : le même jeune homme, qui a créé une société de traduction, vit avec d’étranges jumelles sans prénoms et évoque sa passion pour le flipper des années soixante-dix.   Dans ces deux textes de jeunesse – longues nouvelles ou courts romans, on ne sait trop – faisant partie d’une trilogie et écrits en 1979 et 1980 « sur la table de la cuisine », se trouvent déjà en gestation tous les thèmes chers à l’auteur de 1Q84 Livre 3 (NB mai 2012) : nostalgie du passé, non-sens de la vie, association d’idées fantasmagoriques, goût pour les situations décalées, pour un monde parallèle, pour la musique et la beauté des paysages japonais. En dépit de chapitres parfois décousus, on entre volontiers dans l’univers indéfinissable et onirique, plein de charme et de sensibilité, d’un Murakami dont on voit ici émerger le talent. Un talent qui n’a cessé depuis de se confirmer. (A.C. et M.-N.P.)