Écran noir

On voit d’abord dix vidéos, noires et silencieuses ; puis trois autres, montrant une personne à terre, rouée de coups de pieds. Les corps viendront plus tard, jetés simultanément dans les rues de Londres. Au Studio, agence clandestine créée par une Finlandaise expatriée, l’équipe travaille déjà à rétablir la réputation d’un homme de médias, bafouée en direct par une adolescente. Mais le caractère homophobe des crimes incite le groupe à s’emparer de l’affaire.    La fiction policière rejoint parfois la réalité : éveiller la curiosité par un message mystérieux pour focaliser l’attention est une pratique publicitaire connue. Très prenant grâce à une mise en tension progressive qui accroche incontestablement le lecteur et à la découverte du monde des hackers, ce roman noir aux accents sociétaux brasse bien des sujets. La calomnie médiatisée, la victimisation des homosexuels et le syndrome obsessionnel lié au culte d’une idole, lorsqu’un homme tue et transforme ses crimes en hommage, en sont les principaux. Très attentif à la psychologie de ses personnages, Pekka Hiltunen propose, plus qu’un simple thriller, une réflexion sur la diffusion et la valorisation médiatique de la bêtise et de la haine. De Londres à Zanzibar, le journaliste finlandais fait battre le coeur. (Maje et M.-N.P.)