Quand Lucy, adolescente canadienne, intègre le lycée de cette réserve amérindienne perdue quelque part entre une autoroute et une forêt menaçante et menacée, elle intrigue par son magnétisme distant, presque immatériel, ses nouveaux camarades de classe et, parmi les autochtones, Nita particulièrement. Il y a eu des disparitions inexpliquées dans cette forêt, des jeunes filles, des femmes, le père de Nita… Lucy s’y aventure pourtant et s’étonne d’y découvrir des traces de rites énigmatiques. Un soir, des campeurs la découvrent sous un arbre, hébétée, nue, zébrée de blessures… Après Summer (NB novembre 2017), Monica Sabolo signe à nouveau un roman fort. S’y entrelacent en clair-obscur, sans s’enchevêtrer, de nombreux thèmes : innocence et avidité de l’adolescence, monde invisible mythique, domination masculine, puissance des mots et sauvagerie suintant de leur insuffisance, viols symboliquement reflétés de la jeune fille et de la forêt surexploitée… La prose prenante de l’auteure fourmille de métaphores suggestives, autant concrètes qu’imaginatives, et d’oxymores qui, par l’ambivalence de leurs contradictions, contribuent à installer l’étrangeté de l’inquiétude ambiante et du suspense. La plume entêtante, célèbre, entêtée, la voûte lumineuse et sombre des canopées. (C.R.P. et M.-N.P.)
Eden
SABOLO Monica