Pianiste prodige, Simon exècre la peinture contemporaine, et plus encore le commerce dont il fait l’objet. Quand il hérite d’une collection unique rassemblée par son père, il décide de la disperser aux enchères et de provoquer une réévaluation salutaire de la cote des artistes. Le monde de l’art se mobilise. Ni les menaces ni les intimidations n’entament la détermination du jeune homme. En apprenant qu’il n’est pas le fils de son père, il est frappé d’une paralysie de la main droite qui achève de le fragiliser face à ses adversaires. Au lieu de combattre, il se dérobe. Mais jusqu’où descendra-t-il ? Raconté en alternance par le héros et, indirectement, son meilleur ami, ce récit de la défaite progressive d’un jeune idéaliste face aux marchands de tableaux est original. Il offre un point de vue intéressant sur les mécanismes psychologiques d’une marginalisation volontaire. Le vécu du pianiste a pourtant quelque chose d’artificiel : frappé au coeur de sa pratique, le jeune virtuose parle plus volontiers du marché de l’art ou de ses nombreux fantasmes sexuels que de musique. Malgré ce décalage, dû sans doute au tempérament et à l’expérience de l’auteur (Prolongations, NB novembre 2008), le roman reste assez convaincant. (A.Lec. et B.Bo.)
Effondrement
FLEISCHER Alain