Éléments incontrôlés

Élevé dans un milieu post soixante-huitard par une mère gauchiste, le narrateur n’est encore qu’un collégien frondeur à l’époque de la contestation des réformes de l’enseignement sous Pompidou et Giscard. Il se mêle aux grèves estudiantines autant par amour de la bagarre que par conviction. Vite remarqué par des étudiants engagés, il se retrouve dès le lycée affilié à un parti d’extrême-gauche dont il épouse avec enthousiasme les combats. Seules constantes dans sa jeune existence de plus en plus erratique et violente, la lecture de penseurs marxistes et son amour pour Fedora, une lycéenne italienne rebelle qui l’entraîne, malgré lui, dans une dérive sanglante au sein d’une mouvance terroriste apparentée aux Brigades rouges. Plusieurs atouts sauvent cette peinture très répétitive d’une période contestataire (1971-1981) aux accents idéologiques étrangement révolus : une reconstitution historique, évidemment autobiographique, aussi vivante qu’un reportage en direct ; le charme déroutant du héros, ce révolutionnaire en herbe qui, bien que livré à lui-même dans un milieu en marge de la légalité, conserve une bonne capacité d’analyse face aux événements ; une écriture dynamique et claire. Ce roman engagé et intelligent, fait regretter que l’auteur (À la poursuite du bonheur, NB septembre 2009) n’ait pas sacrifié quelques manifs à l’efficacité de son récit.