Après Petit traité sur l’immensité du monde (NB octobre 2005), Sylvain Tesson, l’écrivain voyageur, inspiré par sa passion des oléoducs, a eu l’idée saugrenue de suivre à vélo celui qui va de l’Aral à la Caspienne… Au-delà de la balade à travers les steppes et les montagnes, c’est une réflexion sur le mystère de l’énergie : celle qui est extraite des strates de la géologie, mais aussi celle qui est tapie tout au fond de nous. Hélas, cet or noir qui coule inlassablement dans ces pipelines, qui sucent inexorablement le ventre de la terre, n’est destiné au bout de la chaîne qu’aux plus riches, les pays traversés ne recueillant que des miettes…
Malgré cet exposé qui relève plutôt de la géopolitique pétrolière, le lecteur retrouve le charme vagabond des récits de Sylvain Tesson. Ce voyageur solitaire, infatigable, qui a une peur bleue des araignées, ne crache jamais sur une vodka, sait restituer les moments de bonheur du voyage : la fraîcheur d’un bivouac, un thé providentiel dans une Chaïkhana du désert, avec un regard compatissant pour ces oubliés de la planète. Le discours est un peu pontifiant avec abus de métaphores et autres oxymores.