Dans le monde de demain, voire celui d’aujourd’hui, une ville déshumanisée où autoroutes et immeubles supplantent espaces verts et chemins piétonniers, neuf personnages sans lien apparent, se réunissent clandestinement cinq jours de suite. Caméras de surveillance ou autorité menaçante à leurs portes, ils se racontent à tour de rôle. Tous ont la volonté d’agir face à cette urbanisation étouffante. Ce n’est pas la désobéissance qui les rassemble. Au fil des jours, ils partagent leurs solitudes. Leurs vies n’étaient pas toutes tracées à l’origine et leurs parcours de pied noir, juif déporté, toxico, repris de justice, enfant de la DDASS a été sinueux. Se raconter pour accepter sa différence, son passé et trouver comme point commun l’absence d’amour initial. Pour ces « bâtards », c’est la force de la parole comme thérapie qui devient essentielle. Dans cette fable aux rites initiatiques, Olivia Rosenthal (Mécanisme de survie en milieu hostile, NB octobre 2014) désarçonne le lecteur en lui offrant des repères flous et l’invite à se projeter. Les actions subversives envisagées sont pleines de poésie et d’utopie. Comme un conte des mille et une nuits, une histoire enrichit la suivante. Une lecture à part pour qui accepte de se laisser embarquer. (S.D. et S.L.)
Éloge des bâtards
ROSENTHAL Olivia