Après avoir entreposé et transvasé des objets razziés ici et là, Émilie s’est mise au dessin avec talent, malgré une tendance à surcharger ses créations. Elle collectionne maintenant feuilles, boutons, tickets, etc., jusqu’à remplir sa chambre où elle se terre, refusant de répondre à ses parents qui la pressent d’en sortir. Elle s’enfouit si profondément dans son capharnaüm qu’elle tombe nez à nez avec l’ogre qui s’en nourrit. Pour éviter d’être dévorée, elle entreprend de soigner les maux d’estomac du vorace.
Dédale obscur qui parle de colère et de jalousie dans des dessins précis et lumineux, semés d’allusions : livres, objets quotidiens, armes ou arbres, tout est symbole, comme le rouge somptueux qui envahit l’image au plus fort de la colère et disparaît totalement quand Émilie s’installe dans l’estomac du monstre comme dans un landau. La dernière page éclaire ce cheminement quand Émilie, rassérénée dans son antre dégagé, goûte avec sa famille et une maman dont le ventre s’arrondit nettement. Bel univers onirique où l’on retrouve la force de celui des Monstres malades avec des images qui peuvent déranger.