Empreintes de crabe

NGANANG Patrice

Tanou, professeur d’université camerounais à Princeton, accueille Nithap, son père venu se faire soigner après la mort de son épouse. Le dialogue entre eux n’a jamais été naturel. Marie, sa petite-fille de six ans, adoucit la solitude du vieil homme. L’amitié du voisin, grand poète, incite son nouvel ami à parler et raconter son histoire jamais dévoilée. Son fils se découvre un nouveau talent pour la mettre en forme et la conserver.   Patrice Nganang, écrivain camerounais engagé (Mont Plaisant, NB mars 2011), expulsé après un séjour en prison, vit à New York. Il signe un roman politique et historique, avec de nombreux personnages dont certains ont été déterminants au moment de l’indépendance. Il évoque les rivalités tribales, le colonialisme, la position de l’armée française, la politique de la terre brûlée. Les femmes soutiennent les « sinistrés », maquisards réfugiés dans la brousse. Nithap, médecin enlevé pour soigner les opposants, est perçu comme traître. Les suspicions et superstitions accompagnent la montée de la violence, la guerre civile et ses ravages s’installent dans la région. L’évocation de ce conflit mal connu est ponctuée de descriptions ethnographiques intéressantes, pimentées par des passions amoureuses. Les noms locaux avec le parler « pidgin », les nombreux retours en arrière peuvent cependant gêner la lecture.  (M.-P.R. et V.M.)