En Guadeloupe, Babakar, un médecin mi-îlien mi-bambara désillusionné par la vie, déclare sous son nom l’enfant d’une misérable réfugiée haïtienne morte en couches et part en Haïti tenter de retrouver les racines de la petite Anaïs. Son séjour dans cette île menacée par les forces de la nature et secouée de tragédies perpétrées par les hommes dure et tourne au drame. Lui revient le goût de la vie.
L’histoire est scandée par les récits que font de leur passé les principaux protagonistes : Movar, le « presque père » d’Anaïs, Babakar et ses parents au Mali, Fouad, son ami libano-palestinien, Rojo-Meiji et Estrella, survivants de la famille du bébé. L’auteur mêle intimement générosité totale, réalités sordides et surnaturel : la mère de Babakar, morte depuis longtemps, lui parle, l’encourageant ou le blâmant. Utilisant le style du conte, multipliant enchaînements et rebondissements, Maryse Condé, née à Pointe-à-Pitre, maintes fois couronnée pour ses romans, emporte de nouveau (cf. Victoire, les saveurs et les mots, NB juillet 2006) irrésistiblement le lecteur. Elle chante la puissance de la culture, toujours métissée, et le destin, cruel, des hommes vivant dans des pays réduits au chaos.