En attendant la neige

LHASHAM-GYAL

Un matin d’hiver, les habitants de Mannang, village de la province d’Amdo au nord-est du Tibet, trouvent la neige en s’éveillant. Le père de Gyal (roi en Tibétain) déblaie le toit de leur maison et lui annonce qu’il a écrit en marchant sur ce manteau étincelant la première lettre de l’alphabet, le Kah. Prémonition, intervention divine, c’est le point de départ d’un trajet mémoriel que retrace vingt ans plus tard Gyal, marié et vivant en Chine. Plongeant dans ses souvenirs d’enfance avec ses trois meilleurs amis, il se remémore progressivement le parcours de chacun.

Premier roman traduit en français d’un écrivain tibétain, ce livre plaisant décrit avec une candeur teintée d’humour le comportement des adultes, la vie au village, le rythme des saisons, l’apparition de la neige, image récurrente du livre, et la cohabitation au sein d’une microsociété traditionnelle des trois pouvoirs : religieux, politique, territorial. Jouant sur les répétitions, le style musical crée une sonorité particulière qui s’accorde particulièrement à l’esprit d’enfance que dégage ce récit dépaysant. Outre les quatre protagonistes, se détache le personnage de l’instituteur progressiste, tout dévoué à ses élèves, qui tente de les aider à échapper à l’obscurantisme religieux. Mariages forcés, disputes, bouddhisme, fuites, arrivée de la modernité, administration chinoise, affrontements entre clans territoriaux… rien ne manque et tout est intéressant. (M.Bi. et D.D.)