Voici la relation du voyage d’Éric Faye et de Christian Garcin en 2010 en Iakoutie, région perdue au nord de la Russie sibérienne. Ils descendent l’immense fleuve Lena, de la ville de Iakoutsk à celle de Tiksi située au bord de l’océan Glacial Arctique. Désolation des paysages, vision surréaliste d’une ville quasiment abandonnée… Puis ils vont dans la région de Vladivostok visiter Khabarovsk au bord du fleuve Amour et la première colonie juive fondée par les Soviétiques, Birobidjan.
Projet original réalisé par deux écrivains avec « quatre yeux, quatre jambes, quatre bras », ce récit est écrit d’une seule voix en utilisant un « je » unique. Dans ces belles pages, Éric Faye (Nagasaki, NB novembre 2010) et de Christian Garcin (Des femmes disparaissent, NB mars 2011) évoquent ces jours qui n’en finissent pas, envahis par une lumière diaphane, « une nappe bleutée » qui flotte sur l’horizon, « précieux ciel du soir ». Récompenses des longues journées d’ennui à bord du bateau qui les emmène au bout d’un monde oublié. La grisaille, la poussière et la déception sont du voyage, mais, conté avec humour et finesse, l’Orient russe est bien là, présent dans sa tristesse et son mystère.