En douce

Emilie est handicapée. Victime d’un accident de la route où elle a perdu une jambe, elle descend, depuis, tous les degrés de l’échelle sociale. Ancienne infirmière compétente, elle est devenue gardienne d’un chenil miteux. De plus en plus déprimée, elle décide, après un bref épisode amoureux avec une femme mariée, de retrouver le conducteur du pick-up responsable, selon elle, de sa vie ratée et de son avenir sans espoir. Lorsqu’elle le trouve enfin, elle l’emmène dans son mobil home, lui tire une balle dans la jambe et l’enferme dans un hangar…  Spécialiste de romans noirs violents, Marin Ledun (L’homme qui a vu l’homme, NB mars 2014) mène une réflexion sur un monde contemporain d’exclus, aux motivations contradictoires et illogiques, exploités sans repères, obéissant à des pulsions incontrôlées, stigmatisés par leur origine sociale. Son héroïne, minée par la rage, frise le délire paranoïaque. Déclassée, rebelle, isolée, elle cherche une issue dans la vengeance. Mélangeant les genres, les problématiques, ajoutant divers thèmes sociologiques militants et dénonciateurs à l’intrigue principale, cette catharsis sanglante et brutale est soutenue par une écriture nerveuse. Mais une chronologie en pagaille nuit vraiment au suspense. On tourne en rond et on s’agace de trop de répétitions. (M.Bi. et M.-C.A.)