En 2012, Frank Bascombe, agent immobilier à la retraite dans le New Jersey, guéri d’un cancer, mais préoccupé par ses douleurs cervicales, s’occupe de l’accueil des soldats revenant d’Afghanistan et lit l’écrivain Naipaul à la radio pour les aveugles. Après le passage de l’ouragan Sandy, ce flegmatique qui cultive le scepticisme s’émeut devant cette côte vierge de toutes traces humaines et l’amas informe de riches demeures détruites. Les journées précédant Noël sont bien sombres : une femme inconnue souhaite revoir sa maison et lui révèle de sinistres souvenirs, il rend visite à son ex-femme vivant en maison de retraite et soutient un vieil ami en fin de vie. En quatre chapitres comme autant de nouvelles, Richard Ford (Canada, NB novembre 2013) livre les pensées de son héros vieillissant. L’âge venant, celui-ci se détache des mots, des amis, des souvenirs, et son ironique fatalisme modifie sa vision du monde. Les dialogues d’une savoureuse banalité font écho à ses commentaires intimes, décalés et caustiques. Sur fond de campagne électorale, de catastrophe naturelle et de crise économique, l’auteur met finement en scène quelques personnages représentatifs de la diversité américaine. Sous ces propos détachés, presque désinvoltes, affleure une élégante réflexion sur le lien et la finitude. (M.R. et C.R.P.)
En toute franchise
FORD Richard