Encore un fichu roman sur la guerre d’Espagne ! Lecture critique de La Malamemoria

ROSA Isaac

En 1999, le premier roman d’Isaac Rosa, La Malamemoria, passe presque inaperçu. Quand son Ă©diteur lui propose de le republier, Rosa garde le texte original, mais imagine qu’un critique grincheux intercale entre chaque chapitre un commentaire assassin qui le ridiculise. Le roman initial, qu’on dĂ©couvre en mĂȘme temps que la dĂ©molition systĂ©matique qui en est faite, a pour hĂ©ros Santos, un “nĂšgre” qui accepte d’écrire les mĂ©moires Ă©difiants d’un ancien cacique du rĂ©gime franquiste. Ce dernier s’est suicidĂ© Ă  cause de rumeurs sur son lourd passĂ© et sa veuve veut le rĂ©habiliter. Au cours de son enquĂȘte, Santos dĂ©couvre la rĂ©alitĂ©.

 

Certes cette histoire souvent mĂ©lodramatique n’est pas sans dĂ©fauts, mais l’intĂ©rĂȘt de la lecture reste soutenu malgrĂ© les commentaires qui interrompent rĂ©guliĂšrement sa progression. Et surtout, ces critiques, intelligentes et drĂŽles, offrent une si plaisante leçon de littĂ©rature que le lecteur les attend avec impatience. Ce troisiĂšme ouvrage, aprĂšs La mĂ©moire vaine (NB juin 2006), n’est pas un nouveau « fichu roman » sur la guerre d’Espagne, mais un brillant exercice d’autodĂ©rision et une rĂ©jouissante raretĂ©.