Enfant de la Patrie

SAÏ-YAMINA Chérif

Né dans les années soixante de parents kabyles, le narrateur livre des bribes de son enfance, de sa vie en banlieue parisienne. D’Ivry l’ouvrière, il raconte l’école, le FLN, le communisme, le mélange des origines dans son immeuble, les allocations familiales, les copains. Il a huit ans lorsque sa famille déménage à Créteil dans une HLM : il doit donc recréer le tissu amical. Il revoit en instantanés le seul principal plein d’ambition pour ses élèves issus de l’immigration, l’alcool, la religion débonnaire, les colonies de vacances, les gendarmes, la débrouille, les mauvais coups…

 

Le style est vraiment déroutant : la syntaxe est malmenée ; le vocabulaire souvent inventé et cru mélange les registres, allant de l’argot au soutenu ; les allusions sont obscures ; les mots se télescopent. Ce collage improbable et chaotique, inventif et gouailleur, traduit la vitalité, l’humour et les capacités d’adaptation de ce monde souvent stigmatisé. Pourtant l’on peut s’intéresser au narrateur et au monde qu’il décrit, cette banlieue sans grand avenir mais encore sans grande violence ni désespoir. Le regard est tendre, lucide, ironique, entre dérision et autodérision.