Jakob est né avec un don à double-tranchant : insensible aux blessures qu’il subit, il récupère en revanche celles des gens qu’il aime. Quand ses parents, meuniers, s’en aperçoivent, ils sont dévastés. Ils l’écartent de son amie Clara quand celle-ci a le pied broyé, et s’appliquent bientôt à se faire détester eux-même, jusqu’à en mourir de chagrin pour sa mère. Le père vend alors son fils à un forain, qui souhaite exploiter son don pour rendre son lustre à son cirque. Jakob fascine les foules, et intéresse dangereusement l’empereur et son fils rebelle, ennemis et futurs belligérants.
Ce début de trilogie se déroule dans un monde de type médiéval, aux aspects intemporels et mythologiques. Il conjugue des péripéties nourries et une étude de caractères, ainsi qu’une réflexion sur l’amour, la bonne gouvernance, les rapports père/fils, l’identité… La vie dans le cirque est l’occasion d’une galerie de portraits de personnalités atypiques, monstrueuses selon les critères habituels : femme-tronc, siamois, homme à quatre bras, etc. L’écriture est belle, régulièrement illustrée d’images en noir et blanc au pastel, qui contribuent à ancrer l’imaginaire. Un roman passionnant aux thèmes nombreux et profonds, susceptibles de résonner dans l’actualité. (M.D. et A-M.R.)