Eretz c’est la Terre en hébreu. Terre Promise biblique, Terre revendiquée par les sionistes ou Terre réfutée par les anti-expansionnistes. Henri Raczymow en fait le titre de son nouvel ouvrage, récit d’une pérégrination en Israël courant 2009, annoté par Anne Amzallag. Ce Juif apolitique, non observant, désenchanté, décide alors de mettre ses pas dans ceux de son frère décédé, Allan, ancien kibboutzim, soldat engagé puis déserteur au début des années soixante-dix. Il découvre la diversité des villes et des êtres, Tel Aviv moderne, laïque, Jérusalem tendue, religieuse, les kibboutz en dérive idéologique, les colonies…
Ce livre original en quête de mémoire n’est pas une enquête sur la vérité du Proche-Orient, mais la résultante de ces « contradictions et de ce pessimisme total qui sont les miens » qui imprègnent les pages. Le voyage de l’écrivain (Dix jours polonais, NB juillet 2007) vers un frère proche et étranger est aussi le retour de ce Juif “diasporique” à la triple appartenance vers une part viscérale de lui-même : un pays dont il comprend ce qu’il est sans adhérer à ce qu’il fait. On regrette que l’ennui qui, selon son aveu, envahit souvent l’auteur soit parfois palpable pour le lecteur…