L’expérience terrible et fondatrice vécue lors du premier conflit mondial par Ernst Jünger, engagé très jeune, soldat héroïque, nourrit ses premiers livres. Dans l’Allemagne déstructurée par la défaite, Jünger milite pour la révolution conservatrice. Mais dès 1930, il se démarque du national-socialisme dont il récuse les idées racistes et fascistes, et se réfugie dans « l’exil intérieur ». Pendant la seconde guerre mondiale, il fait partie de l’état-major d’occupation à Paris ; il s’y lie avec l’intelligentsia française dont il s’est toujours senti proche. Après la fracture de 1945, son désengagement politique s’accentue et ses écrits deviennent plus littéraires et poétiques.
Dominique Venner est historien et écrivain chevronné. Son érudition lui permet de retracer la vie d’une personnalité complexe et exceptionnelle en la reliant aux événements tragiques du XXe siècle que Jünger a souvent pressentis, et à l’analyse fine de son oeuvre littéraire, symbolique et majeure pour l’Allemagne. Dominique Venner voit dans Jünger et le héros de son dernier roman l’archétype européen : acteur devenu spectateur de l’histoire après deux guerres « civiles » cataclysmiques et héritier de la culture classique et occidentale, indépendant, idéaliste, ayant le sens de l’intérêt collectif et le goût de l’effort individuel. Une biographie austère, mais originale et remarquable.