Eroica

DUCROZET Pierre

Fils d’un Haïtien et d’une Portoricaine, Jay, un jeune Américain surdoué, indocile, rêve d’être un héros. Il déserte le domicile familial, squatte chez des amis. Charmeur, il séduit les femmes, décore les murs de New York de graffitis signés SAMO (Same Old Shit !). Il a du talent et la rage de réussir. Très tôt il peint des tableaux colorés sidérants, naïfs mais complexes, que remarquent les galeristes. Il expose, vend, voyage, s’intéresse à la télévision, à la musique, se lie avec Andy Warhol, figure légendaire de l’art contemporain. À vingt-sept ans, il est célèbre. Mais la drogue, compagne de sa créativité et de sa solitude, l’emporte. Pierre Ducrozet le dit clairement, Jay, c’est Jean-Michel Basquiat, qui peignait en écoutant la symphonie Eroica de Beethoven. À travers la vie tumultueuse de l’artiste, il restitue l’ambiance bouillonnante du Manhattan des années quatre-vingt. Dans un style nerveux, fait de dialogues et phrases courtes, hachées comme des graffs, l’auteur trace un portrait saisissant du garçon aux dreadlocks, génial et pathétique. Sans reproductions, il parvient à décrire une oeuvre inclassable, post-expressionniste, défiant les codes artistiques, entre spontanéité et subversion. Une biographie romancée, un peu répétitive, mais où jeune écrivain et prodige éphémère sont en adéquation. (L.G. et D.A.)