Maëlle, une adolescente de seize ans, une lycéenne parmi d’autres, vit avec sa mère et sa jeune soeur dans un quartier sans problèmes du Mans. Comme pour tant de jeunes de son âge, Facebook est son territoire de jeu, son lieu de vie. Un jour, sans crier gare, elle part en Syrie. Ce drame devenu presque banal, Patrick Bard le raconte, le décortique pas à pas dans une fiction. Au reportage qui relaterait les étapes de l’embrigadement de la jeune fille jusqu’à son retour en France, l’auteur préfère un parcours introspectif. Dans une construction chorale, alternent les réflexions de chacun des acteurs brusquement pris au même piège : l’héroïne, évidemment, et tous ceux qui s’interrogent, essaient de comprendre et, comme à tâtons, vivent l’expérience angoissée de l’aide à sa reconstruction. Pas de jugement ni de conseil péremptoire. L’accent est mis sur le hasard qui préside à ces drames comme à leur réparation, sur l’humilité dont il faut faire preuve quand on veut comprendre ou intervenir. Sans oublier non plus que le « choix » de la victime ne peut être simplement nié faute d’attenter, nous aussi, à sa liberté. (C.B et M.-C.D.)
Et mes yeux se sont fermés
BARD Patrick