Saïgon, années quarante. Lucie mène la vie aisée d’enfant d’expatriés, entre un père, André, pétainiste et maurrassien, et une mère, Mona, éprise de liberté. Emprisonnées à Hanoï par les Japonais, elles subissent les pires sévices. Libérées, elles s’installent en Nouvelle-Calédonie, nouvelle affectation d’André. Le besoin d’émancipation de Mona est exacerbé par la lecture du Deuxième sexe de Simone de Beauvoir. Elle aspire à changer de vie, rencontre un autre homme, divorce, part à Nice. Lucie grandit aux côtés de sa mère, devient révolutionnaire en épousant la cause de Fidel Castro et adhère au militantisme engagé de Mona.
Et soudain, la liberté est le portrait – terminé après le décès de l’écrivaine en 2017 – d’une rencontre entre Évelyne Pisier (On ne corrige pas les fautes, NB février 2006) et Caroline Laurent, son éditrice. D’une écriture alerte, celle-ci retrace les trajectoires d’Évelyne Pisier et de sa mère et le milieu dans lequel elles ont évolué. À travers les filtres de la mémoire, le passé ressurgit : bouleversements dus à la guerre, tyrannie paternelle et conjugale, colonialisme, cause féminine, racisme, homosexualité, anti-totalitarisme. Tout cela est décrit avec une force et une conviction qui rendent passionnant ce livre passionné. (A.V. et F.L.)