Et tournera la roue

DEMIRTAŞ Selahattin

Salim Bey arrive à Karayazi au fin fond enneigé du Kurdistan en décembre. Il est à la recherche des vieux parents de Devran dont le fils a succombé à la torture il y a vingt-cinq ans. Il était alors jeune procureur du district. La rencontre a lieu… À Bodrun, au bord de la mer Egée, les nuits d’été sont douces. Cemsid fait la plonge dans un restaurant. Sa ville a été saccagée l’année passée, les siens massacrés. Cette nuit-là, les lumières des yachts éclairent la plage. Il nage de toute l’énergie de ses cauchemars vers le large…   Douze autres nouvelles, entre ces deux récits, racontent la Turquie d’aujourd’hui : de Cirze à Istanbul, celle qui vit, vaille que vaille, derrière les tragédies de son histoire contemporaine. Elles sont évoquées bien sûr, mais l’essentiel est ailleurs : dans la peinture par petites touches précises de « l’âme d’un peuple » qui émerge de la diversité de portraits incisifs et pudiques des gens ordinaires, à des moments décisifs de leur vie. La brièveté de la nouvelle sert la densité de l’émotion que la chute accentue sans pathos, souvent même avec humour, élégance suprême d’un recueil qui dit combien la littérature peut être subtilement subversive. (C.B et A.M.D)