Peut-on définir objectivement l’éthique ? Les règles de conduite varient selon les lieux et les époques. Les passions guident toujours l’action, la raison n’est que le moyen de parvenir au but recherché. Est bien, ce qui satisfait une aspiration. Toutefois seuls sont justes les désirs et comportements, approuvés par la conscience collective et individuelle, qui doivent surtout contribuer au mieux-être général. Il importe qu’une autorité politique indique fermement la voie de l’intérêt public. Cependant il convient de répartir le pouvoir pour éviter trop d’inégalités, et seule une organisation internationale peut effacer les conflits dérivant d’impulsions incompatibles… Dans cet ouvrage publié aujourd’hui en France, Bertrand Russell, philosophe anglais disparu en 1970, cherche à dépasser le caractère subjectif de l’éthique : une planète sans code moral universel court au chaos. L’auteur, libre-penseur, condamne le fanatisme religieux. Libéral, il soutient la démocratie seule capable d’établir des lois favorables à la majorité sans asservir. Pragmatique, il fait l’éloge de l’égoïsme, en tant qu’intérêt personnel bien compris. Idéaliste, il table sur l’intelligence humaine car prévoyance et savoir-faire peuvent façonner un monde meilleur, pacifiste. Si les préoccupations datent puisque le contexte a profondément changé depuis 1954, l’analyse théorique reste actuelle, intéressante et accessible.
Étique et politique
RUSSELL Bertrand