Un vieil homme grabataire s’éteint, en 2032, dans une mégapole asiatique. Quotidiennement une femme lui apporte un verre d’eau et réveille des vibrations érotiques, sources fragiles d’une brève renaissance. Une voix “off” dévide son histoire : sa conception in utero, sa petite enfance près d’une prison, la mort jamais acceptée de ses parents, un orphelinat aux fréquentations déviantes… Quelques amours de passage adoucissent furtivement excès, cruautés, violence du rock. Un intermède d’insertion conformiste n’apporte ni apaisement, ni certitude. Il reste la solitude, l’échec, le désespoir, thèmes récurrents du romancier : Un monde parfait (NB février 2005). Et pourtant, une vision fugitive lui fait entrevoir ce qu’il aurait pu être : tout autre que cet étranger à lui-même. Dans le panorama sociopolitique des années 1960 à 2000, un homme torturé parcourt des banlieues tentaculaires. Dans ce court roman, l’usage de la deuxième personne du pluriel donne habilement du relief à ce portrait sans complaisance.
Étranger au paradis
LAFITTE Philippe