La construction européenne a connu une ligne droite jusqu’en 1992. Les six États sont devenus douze, l’Acte Unique a parachevé le Marché Commun, Maastricht a initié les fondements d’une Union Économique et Monétaire et le renforcement des institutions communes. Mais, dans un contexte mondialisé dérégulé, l’Europe est entrée dans une période incertaine. Son élargissement à vingt-huit membres disparates, le non-respect des règles nécessaires à la cohésion de la zone euro ont aggravé la crise économique et financière. Dernière chance, le projet Europa. Six puis douze pays de l’euro seulement pourraient poursuivre leur intégration : fiscalité et budget uniques, Trésor Public et droit du travail communs à l’horizon 2030. Un Directoire coexisterait avec les institutions actuelles. On peut regretter qu’Europa n’occupe qu’une partie restreinte de ce livre intéressant préfacé par Helmut Schmidt. Mais Valéry Giscard d’Estaing, européen convaincu, fait un rappel clair des succès et échecs antérieurs pour imaginer un projet réaliste : pas d’intégration politique maintenant, l’opinion publique devenue eurosceptique n’est pas prête ; le processus d’unification économique serait progressif, volontaire et démocratique. Dessein ambitieux néanmoins qui implique des abandons de souveraineté, mais pourrait harmoniser les conditions de la concurrence interne et fortifier l’Europe face aux géants mondiaux, la rendre enfin solidaire.
Europa : la dernière chance de l’Europe
GISCARD d'ESTAING Valéry