Évadées du harem : affaire d’État et féminisme à Constantinople (1906)

QUELLA-VILLÉGER Alain

En 1904, Pierre Loti séjourne à Istanbul où il est célèbre pour son roman Aziyadé. Il suscite l’intérêt de riches dames turques francophones. Zennour, mariée, et sa soeur Nouryé, filles d’un haut fonctionnaire, lui proposent des rendez-vous clandestins où elles se rendent avec une amie française, toutes trois voilées de noir. Elles lui écrivent des lettres charmantes et poétiques, dont Loti, revenu en France, se sert pour son livre Les Désenchantées. Entre temps, les deux soeurs fuient la Turquie et s’installent à Paris. Énorme scandale à Istanbul. Nouryé épouse un Russe à Nice tandis que Zennour retourne en Turquie en 1912.

 

L’auteur, historien, est un spécialiste de Loti. Le récit relève surtout de l’histoire de la littérature, car Loti a été mystifié par ses amies : les lettres ont été écrites par la Française. Mais il ne le saura jamais, car elle attendra sa mort pour révéler la vérité, causant ainsi une grande indignation chez les admirateurs de l’écrivain. Le livre raconte trop minutieusement les rencontres clandestines, la fuite, l’émoi des féministes et du milieu littéraire parisien. Il dénonce le sort de ces femmes si cultivées mais toujours enfermées, un monde maintenant disparu.