Réveillé en pleine nuit par un rêve sans trace, un homme se lève, s’habille et sort dans les rues vides et silencieuses. Hanté par un sentiment indéfinissable d’échec et de perte de sens, il se lance dans une course éperdue qui le mène depuis son quartier résidentiel jusqu’aux îlots périphériques défavorisés, avec leurs bâtiments industriels désaffectés et la décharge dans laquelle il s’enfonce. Au bout de sa fuite, cet homme – architecte renommé mais insatisfait – trouvera-t-il l’apaisement, le sens de sa vie ? Homme de théâtre fécond, Olivier Py (Paradis de tristesse, NB octobre 2002) signe son second roman. La crise existentielle vécue par le héros, artiste en quête d’absolu, est illustrée en huit épisodes distincts dont la qualité est inégale. Les envolées lyriques et poétiques, souvent à la limite de l’affectation, n’aident guère le lecteur à s’intéresser au comportement du héros narcissique et orgueilleux, désenchanté devant sa propre création. Pourtant, ce héros vidé, sans chair, quasi allégorique de la poursuite éprouvante d’une intériorité et d’une transcendance, fait de l’ouvrage un roman méditatif, presque philosophique. On se prend alors à savourer la pertinence des définitions, la nouveauté des formules, la puissance narrative des images, l’amplitude altière de cette écriture entre sommet et abîme.
Excelsior
PY Olivier