Après l’étude de son corps (Chroniques d’hiver, NB mai 2013), Paul Auster se livre à l’étude de son esprit, offrant ainsi un véritable diptyque autobiographique. Il ne faut pas y chercher l’indice d’un ego surdimensionné. C’est au contraire une leçon d’humilité que propose l’écrivain américain, se soumettant à l’exercice difficile de l’évocation des faits qui ont forgé sa personnalité. Trois chapitres au style élégant constituent une déambulation sociologique dans les États-Unis de l’après-guerre que l’on découvre avec un regard américain. En 1953, l’auteur a six ans et sa conscience s’éveille. Suivent les premières émotions artistiques, cinématographiques ou littéraires et les premiers émois, sportifs puis l’âge venant… sentimentaux. Rédigé à la deuxième personne, ce texte très séduisant ressemble à la reconstitution partielle d’un journal intime : la volonté de témoigner des apprentissages dans laquelle transparaît, aveu émouvant, la peur de l’oubli. Un album de photos illustre ce voyage intime, grave et léger à la fois.
Excursions dans la zone intérieure
AUSTER Paul