Exercice d’abandon

GUILLEBAUD Catherine

Le Vietnam : une parenthèse agréable dans l’hiver parisien. Embarqués sur un bateau qui rejoint le Cambodge, deux couples affrontent un tsunami sentimental. Le mari de l’une s’est évaporé avec la femme de l’autre ! Contraints durant trois jours de finir la croisière ensemble – une remontée du Mékong métaphorique –, « les abandonnés » partagent le même cheminement. La langue, travaillée et élégante, est fluide. Avec beaucoup de délicatesse, sa marque de fabrique (Les souliers lilas, NB juin 2006), Catherine Guillebaud expose une palette multicolore de sentiments. Dans un décor impressionniste et un tempo ralenti, elle construit ce huis clos sur le thème de la rupture de façon quasi-théâtrale. Au désarroi et à la haine succèdent l’obligation de constater un échec programmé de leurs mariages respectifs et une certaine admiration pour l’audace des deux amants qui assument leur désir ; arrive enfin le réconfort dans la solidarité et avec la liberté retrouvée, l’espoir d’un nouvel avenir. Une approche féminine et sensible.