À soixante et onze ans, opéré d’un cancer de la prostate, Nathan Zuckerman, écrivain juif américain, le double de Philip Roth, a préféré s’enterrer dans un coin de campagne perdu, avec ses problèmes d’incontinence et d’impuissance. Il se persuade que la rédaction de son dernier livre suffit à sa sérénité… C’est méconnaître la puissance de ses désirs étouffés qui s’éveillent, lors d’un retour à New York, devant une élégante et brillante jeune femme issue de cette droite américaine que Philip Roth a toujours haïe et dénoncée. Mais, par son intermédiaire et en raison d’une rencontre inopinée, il se trouve confronté à un épisode lointain de son passé et contraint de défendre la mémoire d’un écrivain disparu face à un jeune arriviste.
Les dégâts de l’âge et de la maladie sont évoqués avec la crudité et le cynisme auxquels nous a habitués l’auteur (Un homme, NB novembre 2007). Mais, sous le sarcasme, pointe l’humiliation : la jouissance sexuelle, refuge ultime contre le vieillissement, doit céder la place au fantasme… Cependant reste un combat : l’écrivain doit sauvegarder son être intime face à la postérité. Cela suscite de belles pages sur la création littéraire dans ce roman brillant et pessimiste, aux thèmes multiples. Si le corps lâche, l’esprit et la passion sont encore là !