Après son volumineux Docteur Pasavento (NB mai 2006) consacré au thème de la disparition, Enrique Vila-Matas revient à la forme courte pour traiter de la recherche de l’infini, de la tentation du précipice, de « l’abîme ». Les protagonistes sont fort divers : deux fillettes obsédées par la vie après la mort, un homme prisonnier d’un vaisseau spatial depuis dix-sept ans, un jeune couple mystérieusement invité à entrer dans « la maison de Dieu »… Un funambule passe et repasse, symbole de ces vies ordinaires qui ne cèdent pas au vertige. Il lie les histoires les unes aux autres jusqu’à la dernière dont l’auteur lui-même, qui se maintient sur le fil de l’écriture entre fiction et réalité, est le principal acteur. Ce livre complexe ouvre son propos avec Kafka, brode des variations sur le thème du vide, dévoile la démarche de l’écrivain et sa conception de la littérature, se referme sur Glenn Gould et Thomas Bernhard. Enrique Vila-Matas sait surprendre, son art consommé se déploie sur plusieurs registres : réalité, fantastique et onirisme. Sans pathos, avec humour.
Explorateurs de l’abîme
VILA-MATAS Enrique