À travers 11 petits bijoux, Chabouté offre ses réflexions sur les conséquences de certains moments où l’égoïsme est roi. De tout petits riens provoquent des blessures immenses à celui qui a été méprisé, oublié, sans même que l’auteur de la maladresse s’en soit aperçu. Le moment choisi pour chacune de ces fables amères est issu de la vie quotidienne. Pas de méchanceté de la part des personnes mises en scène, seulement un manque total d’attention à l’autre. La grasse matinée du dimanche matin, la caisse du supermarché, le dialogue enflammé sur internet, le pianiste du bar, le guichet de la poste, le métro, le voyage en avion, autant de décors pour des instants banalement déchirants.
Dans son style si caractéristique, Chabouté manie chaque case comme un écran de cinéma et déroule son récit comme il le ferait avec une caméra. Usant de très peu de paroles, il met en place les personnages dans le décor à coup de travellings et de zooms, puis enroule son regard autour de chacun d’eux, captant au passage leurs expressions d’une intense vérité. Les encrages fortement réalistes, les contrastes entre noirs et blancs, savent faire ressortir la violence profonde de chaque situation. De magnifiques moments.