Rempli d’une empathie profonde pour ses étudiants, le biographe de l’abbé Pierre et de Soeur Emmanuelle (NB décembre 2000), part de son expérience de président de l’université Vincennes-Saint-Denis pour élaborer une stratégie de réformes fondamentales de l’enseignement universitaire dont la faillite menace. Or Paris VIII ressemble plus à un bidonville qu’à un haut lieu du savoir. Ses difficultés sont innombrables : grèves permanentes, manifestations, actions communautaristes, invasions de casseurs ou de sans-papiers, réticences des enseignants, coopération difficile avec autorités, police et justice. L’auteur navigue courageusement entre le clanisme des uns, les privilèges des autres et le manque de moyens. Ses priorités, l’autonomie, la liberté de recrutement des enseignants, la sélection ou orientation positive des étudiants, demandent que l’État réforme en profondeur.
Homme de dialogue, s’impliquant vraiment, conscient des exigences de résultat, du rapport coût-qualité, il convainc car il possède énergie, bon sens, expérience des cas extrêmes, ouverture sur le monde extérieur et l’entreprise, l’international et le tiers monde. Cet ouvrage est salutaire, assez technique parfois mais avec bon nombre d’exemples concrets. Les enjeux sont d’importance ; pour sortir de ce « grand merdier », il faudrait « un grand nettoyage de printemps pour offrir l’espérance à la jeunesse ».