Failles

LAHENS Yanick

Le 12 janvier 2010, quarante secondes ont suffi pour qu’un tremblement de terre dévaste Port-au-Prince de fond en comble. Témoin de ce désastre, l’écrivaine haïtienne Yanick Lahens (cf. La Couleur de l’aube, NB décembre 2008) tente de rendre compte du séisme et de ce qui en a résulté. Malgré sa claire conscience de l’incapacité des mots à traduire un tel malheur, elle fait la chronique des gestes solidaires immédiats, de l’organisation des secours, de l’arrivée des ONG, l’installation des camps ; le sauvetage de plus en plus douteux des enterrés-vivants… Elle écrit pour « rapatrier le malheur à sa vrai place ». Elle réfléchit à toutes les déficiences politiques, économiques, structurelles de son île, refusant l’apitoiement sur soi comme la dépendance continue à l’aide internationale. Elle envisage des réponses citoyennes…

 

Une suite de courts chapitres sobrement écrits (quelques-uns en italiques, avec des morceaux du roman commencé avant la catastrophe) jette sur Haïti, « terre par excellence du clair-obscur », une lumière froide. Un travail de mémoire prend forme. Tombeau pour les disparus, appel à la résistance pour les vivants, un récit-reportage émouvant, un témoignage militant qui appelle à « la créativité lumineuse ».