Du balcon de son hôtel, face aux falaises d’Étretat, d’où sa mère s’est jetée et fracassée sur les rochers, il y a juste vingt ans, le narrateur se souvient. Durant toute une nuit, il fait surgir de sa mémoire « une vie d’absence et de présence aiguë aux choses », des sensations, rêves ou cauchemars, des souvenirs proches de l’hallucination. Il avait onze ans. Son père était violent. Adolescence, école, copains, alcool, drogue, sexe, filles paumées, il est perdu, immobile. Il commence à écrire. Comment a-t-il pu trouver un abri, des visages lumineux ? Claire sa femme, avec sa tendresse, Chloé et son rire ? Mais il ne parlera pas d’elles, ou bien une autre fois ! On retrouve les personnages des autres romans de l’auteur, la même atmosphère sinistre et grise (cf. Passer l’hiver, NB mars 2004). C’est le bilan d’un homme déchiré, allant et venant au gré du courant, qui sait dire crûment la peur, le froid, le vertige d’une écriture qui s’éclaire peu à peu.
Falaises.
ADAM Olivier