Trois personnages composent la cellule familiale : une mĂšre au foyer, un fils « atteint de schizophrĂ©nie paranoĂŻde », et un pĂšre qui travaille en usine. La mĂšre, dans le total dĂ©ni de la maladie du fils et sourde Ă ses injures obscĂšnes, vit en symbiose avec lui et le gave quotidiennement de desserts, assis ensemble devant leur feuilleton prĂ©fĂ©rĂ©, CĆurs brisĂ©s. Le fils dĂ©lirant vit dans le dĂ©goĂ»t de lui-mĂȘme, hantĂ© par des voix ennemies qui « violent sa pensĂ©e ». Le pĂšre, lorsquâil rentre fourbu le soir, est rĂ©guliĂšrement pris de colĂšre face Ă ce bon Ă rien de fils, si peu prĂ©sentable que plus personne nâest invitĂ© Ă la maison. Ainsi la vie suit son cours, jusquâau drame.
Famille est un texte court et enlevĂ©, radiographie sans concession dâune famille dysfonctionnelle. Le style incisif est dâune ironie mordante. Impossible de ne pas rire de cette surenchĂšre de folie Ă deux, mĂšre-fils, dans laquelle le grotesque prend le pas, avec le feuilleton tĂ©lĂ©visuel pour pivot, et la mĂšre qui abreuve le hĂ©ros (double du fils !) de ses conseils matrimoniaux salaces ! Impossible de ne pas voir les larmes sous le rire ; dâautant que la chute, inexorable, atteste combien certaines familles peuvent ĂȘtre toxiques. (M.T.D. et J.G.)