Jeanne Ambarel, jeune mĂ©decin fraĂźchement diplĂŽmĂ©e, sâinstalle Ă Malabre, un dĂ©sert mĂ©dical du sud-ouest. Accueillie sans enthousiasme par le maire, elle sâentĂȘte, avec la ferveur dâune nĂ©ophyte, Ă dĂ©marrer lĂ une vie professionnelle dont elle a fait siennes les exigences dĂ©ontologiques. Elle pourrait vite renoncer devant lâindiffĂ©rence ou la mĂ©fiance de sa patientĂšle supposĂ©e, pour le moins troublantes. Au contraire elle dĂ©cide de comprendre : les dĂ©cĂšs survenus sans trace de suivi mĂ©dical par son prĂ©dĂ©cesseur, les inhumations sans certificat, etc.
Un polar en milieu rural, non. Une « fantaisie » ! Ăcrit Ă la premiĂšre personne, ce roman suit lâitinĂ©raire de lâhĂ©roĂŻne, le cheminement de son enquĂȘte au grĂ© de ses conversations avec les autochtones : elle oppose son rationalisme à « la raison bancale » du village, une communautĂ© rurale repliĂ©e sur elle-mĂȘme dans un hors-la-loi favorisĂ© par lâincurie administrative. Plus intĂ©ressant est le rapport de force quâinstalle le romancier entre deux maniĂšres de faire face aux coups du sort. « LâentĂȘtant nectar de la coutume » Ă©rige lâisolement en sauvegarde, au rythme de rituels dont on a perdu lâorigine et la signification. Vertige de la raison ? LâĂ©criture dense et efficace alterne les dialogues et un monologue intĂ©rieur souvent dĂ©calĂ©, contaminĂ© par le parler local. LâefficacitĂ© professionnelle passerait-elle par lâempathie, la comprĂ©hension des autres, leur « fantaisie » plus que par un affrontement stĂ©rile ? (C.B et J.G)