En ce jour d’été brumeux, Miranda, photographe réputée, se précipite, assaillie par des goélands agressifs, vers le ferry qui va l’emporter loin des Farallon Islands, archipel désertique presque inabordable, situé à quarante kilomètres de la Californie. Un an auparavant elle y débarquait. Pourquoi cette fuite éperdue ? Il faut attendre les dernières pages pour le savoir. Miranda, la narratrice, réside dans une baraque exiguë avec six scientifiques – deux femmes et quatre hommes – qui ont pour mission d’étudier la faune sauvage menacée. Des morts, peut être accidentelles, se produisent. Pourtant, ce sont les saisons successives de la vie et la reproduction des espèces protégées qui donnent le tempo : celle des requins, des baleines, des phoques, des oiseaux. Remarquablement traduite, Abby Geni crée, grâce à une écriture éblouissante, à la fois concise et descriptive, « un huis-clos ouvert aux quatre vents ». Dans ce lieu où la nature sauvage est omniprésente, impossible d’échapper à la rudesse de la vie animale. Ode à la résilience de la nature comme de l’homme, ce premier roman, sombre, dépaysant et lumineux, est envoûtant. (C.P. et B.T.)
Farallon Islands
GENI Abby