Darren McGarvey a grandi à Glasgow dans le quartier déshérité de Pollock regroupant une population minée par le chômage. Cet ouvrage, écrit après dix années de drogue et d’alcoolisme, est un brûlot. Il clame de l’intérieur la misère matérielle, culturelle et morale, des plus démunis dans les pays développés, pourtant assistés encore par l’État-Providence. Le malheur est une fatalité héréditaire : la mère de l’auteur, élevée dans la violence, a déserté le foyer. Le sentiment d’incompréhension, d’abandon, génère stress et colère. La gauche traditionnelle est dépassée. Les radicaux identitaires, qui imposent leurs dogmes via les réseaux sociaux, divisent au lieu de rassembler. Parlant à la place des pauvres, la classe moyenne ne peut résoudre leurs problèmes. Mais la conclusion est roborative. Accuser la société de tous les maux est hypocrite. Chacun est responsable de son destin. Quant à l’auteur, un enfant, un livre le conduisent à se remettre humblement en question et le réconcilient avec la vie. (L.G. et A.-M.D.)
Fauchés : vivre et mourir pauvre
McGARVEY Darren