Femme prenant plaisir à ses fureurs

Un universitaire sadique et radin a contraint pour toujours sa ravissante femme-enfant à recopier ses manuscrits, punitions à l’appui… Evelyne, leur fille, conçue par hasard, naît dans l’indifférence. Lourde de ce passé, mais avec un rare potentiel de vitalité, de beauté séductrice et d’intelligence, elle est devenue l’épouse de l’écrivain-poète François Billetdoux et la mère dévastatrice de Raphaële, sa fille cadette hypersensible qui la vénère. Raphaële réalise très tard sa dépendance à sa mère et tente de s’en libérer.  Ce livre vibrant de révoltes inutiles, éperdu de désespoir, traversé de lueurs de folie, dit la longue quête de liberté et « d’amour vrai » de Marie Billetdoux, alors Raphaële (En s’agenouillant, NB novembre 2011). Lettres, photographies, facsimilés bouleversants de textes enfantins viennent à l’appui de ce « roman » dense qui crie à satiété une souffrance. Les généalogies, les enfances, les carrières de François et de Raphaële, le quotidien névrosé de la famille, tout ramène au « Personnage », la mère, à son aura inquiétante, plutonienne, au spectacle permanent qu’elle jouit d’interpréter. Entre fureurs, insinuations sournoises et déclarations d’amour, elle s’approprie Raphaële, détruit son mari par ses inconséquences volontaires… Les phrases subtilement construites traduisent au mieux la complexité des relations et le tumulte torrentiel des sentiments. (M.W. et A.M.)