Fin des annĂ©es soixante-dix. Meurtrie par la disparition Ă©trange de son compagnon, la belle Nelly, chimiste, demande asile Ă Berlin-Ouest avec ses deux enfants. Elle est longuement interrogĂ©e par les services de sĂ©curitĂ© de lâEst, puis par la CIA qui la soupçonne dâĂȘtre une espionne, et ensuite parquĂ©e dans un camp oĂč les rĂ©fugiĂ©s attendent une autorisation de rĂ©sidence. Dans des appartements collectifs exigus et sordides sâentasse une foule dâindividus Ă©chouĂ©s lĂ pour des motifs divers, sans travail correspondant Ă leurs compĂ©tences : ex-prisonnier politique qui a fui la RDA, une famille venue soigner un proche dans un hĂŽpital berlinoisâŠ
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Julia Franck pose un regard aigu sur ces personnages pathĂ©tiques et Ă©nigmatiques et caricature avec humour les fonctionnaires arrogants du camp. Chacun raconte Ă la premiĂšre personne un quotidien dĂ©primant et dĂ©voile quelques bribes de son passĂ©. Progressivement on est immergĂ© dans une ambiance empoisonnĂ©e par la promiscuitĂ©, lâincertitude de lâavenir, la solitude, la pauvretĂ©, le mĂ©pris, la suspicion. La question essentielle jaillit Ă la fin de ce roman gris original : les rĂ©fugiĂ©s ne se sentent-ils pas coupables de nâĂȘtre pas restĂ©s Ă lâEst pour dĂ©fendre un idĂ©al dĂ©sormais dĂ©voyĂ© et⊠consumĂ© comme leurs espoirs et leur vie ?